GAME OF DRONES

 

Cinéma, agriculture, transport, énergie, immobilier. Saison après saison, le marché des drones conquiert de nouveaux publics. En France, ces volatiles motorisés de la famille des aéronefs télécommandés sont en pleine croissance. Les entreprises de sécurité privée y voient l’occasion d’élargir leur offre. Mais attention, cela n’a rien d’un jeu.

 

Le meilleur ami de l’homme

 

Maniable, léger, autonome, silencieux. La liste des qualités du drone s’allonge à mesure que les technologies évoluent. Hier réservé aux opérations militaires, son usage est aujourd’hui plébiscité par les entreprises de sécurité privée qui souhaitent proposer à leurs clients des services innovants « sans pour autant intégralement remplacer les hommes sur le terrain », souligne-t-on chez Nora Drone. Installé en périphérie de Lille, ce concepteur de drones spécialisé dans les prises de vue met au contraire l’accent sur la valorisation des métiers. Arguant que, neuf fois sur dix, « un drone implique la présence d’un télé-pilote formé ». Il se chargerait même de la basse besogne « en automatisant par exemple les rondes aériennes, un peu à la manière d’un mirador qui se déplacerait. »

 

Formation diplômante

Le drone appartient à la catégorie des aéronefs télécommandés, c’est-à-dire sans personne à bord (Unmanned Aerial Vehicle). Son utilisation à des fins professionnelles implique la délivrance d’un brevet théorique ULM en attendant un brevet spécifique aux drones[1]. Celui-ci est délivré par la Direction Générale de l’Aviation Civile. Il répond aux exigences fixées par l’arrêté ministériel du 17 décembre 2015 relatif à la conception des aéronefs civils qui circulent sans personne à bord et à l’utilisation de l’espace aérien répartie en quatre catégories. Comme le stipule Marc Guillot, instructeur chez Drones-Center (Brétigny-sur-Orge), « le télé-pilote doit justifier d’un certain nombre de documents comme un certificat théorique de pilotage, une déclaration d’activité déposée auprès de sa DSAC locale ou encore la conformité du drone piloté aux obligations de sécurité. » Dans sa formule standard, la formation court sur une centaine d’heures. On peut y ajouter des options « pour coller au plus près des besoins », préconise-t-on chez Drones-Center qui vient d’ouvrir en septembre une antenne à Fourmies.

 

Interdictions et vols nocturnes

 

L’utilisation d’un drone en extérieur étant considérée comme une activité aérienne, la loi est stricte. Un drone a notamment l’interdiction de survoler les sites sensibles (base militaire, centrale nucléaire, voie ferrée…), ne peut pas voler au-dessus de l’espace public en agglomération, ne peut pas dépasser les 150 mètres d’altitude et passé deux kilos il doit être doté d’un parachute. Pour les sociétés de sécurité privée, la question des vols nocturnes reste primordiale. Comme le souligne Thierry Vallat, avocat à la Cour de Paris, spécialiste en droit numérique et droit des robots, « les vols de nuit requièrent impérativement une autorisation préfectorale » sous réserve qu’ils ne concernent pas l’une des 157 zones interdites définies par le nouvel arrêté du 27 octobre 2017.

 

Futur tres proche

L’utilisation du drone par les sociétés de sécurité privée n’en est qu’à ses balbutiements. « Mais les technologies évoluent vite. Le marché va se développer dans les deux ans qui viennent », insiste Stéphane Morelli, président de la Fédération Professionnelle du Drone Civil qui regroupe pas moins de 250 adhérents en France. Des opérateurs, des constructeurs, des compagnies d’assurance, des consultants… Et si à ce jour 5 000 sociétés ont déclaré l’achat d’un drone à la DGSA, il s’agit, dans une écrasante majorité, d’auto-entreprises spécialisées dans les prises de vue aériennes qui n’ont rien à voir avec des missions de sécurité sur sites sensibles. Et pour cause. « Le drone va changer le modèle économique des sociétés privées. Il va générer de nouvelles compétences, demander de l’investissement R & D. On part un peu à l’aventure mais une chose est sûre : le drone a des performances compatibles avec les besoins des sociétés privées », note S. Morelli. Mais la technologie embarquée a un coût. Comptez entre 15 000 et 20 000 € pour un modèle honorable. De quoi donner matière à réflexion.

 

[1] La loi n° 2016-1428 du 24 octobre 2016 relative au renforcement de la sécurité de l’usage des drones civils est en bonne voie. Selon la Direction Générale de l’Aviation Civile, d’ici mi-2018, un diplôme dédié, et donc des formations spécifiques à l’utilisation de drones, verra le jour. 

 

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